AJPA : de nouveaux bénéficiaires pour le congé de proche aidant
En France, 11 millions de personnes accompagnent un proche en perte d’autonomie ou dépendant. Lancé en octobre 2020, le congé de proche aidant peine pourtant à trouver à rythme. Afin d’améliorer le dispositif, un décret est venu ouvrir la liste des bénéficiaires à l’allocation et assouplit les démarches pour en bénéficier.
Une allocation pour accompagner un proche en perte d'autonomie
L’AJPA (allocation journalière de proche aidant) a été mise en place afin que les aidants travaillant dans secteur public ou privé, les travailleurs indépendants ainsi que les demandeurs d’emploi, aient la possibilité de suspendre leur activité pour accompagner un proche, grâce à un congé de 3 mois renouvelable. Jusqu’à juillet dernier, le montant de ce congé de proche aidant s’élevait de 52,13 € par jour pour un aidant seul et à 43,87 € par jour pour un aidant en couple. Pour en bénéficier, la personne aidée devait présenter un handicap à plus de 80 % ou une dépendance d’un niveau de GIR 1 à 3 sur la grille AGGIR.
En 2021, 15 900 proches aidants ont bénéficié de cette prestation. Un chiffre bien faible si l’on considère la réalité du terrain avec ses 11 millions d'aidants. Selon les associations et bien que le congé de proche aidant ait été revalorisé au SMIC en janvier 2022, soit 58,59 € journaliers, un manque d’information ainsi que les critères trop restrictifs pour y accéder expliqueraient le faible nombre de demandes.
C’est pourquoi, le 22 juillet dernier, un décret est venu assouplir les conditions d’accès à cette aide financière.
AJPA : plus de bénéficiaires et moins de démarches
Pour solliciter l’AJPA, il est nécessaire de faire partie des membres de la famille élargie et d’entretenir des liens réguliers avec la personne dépendante ou handicapée. Le décret du 22 juillet ouvre le dispositif à de nouveaux bénéficiaires. Désormais, les conjoints collaborateurs peuvent y prétendre. Une avancée pour cette tranche de la population, bien souvent féminine, qui accompagne son conjoint –un chef d’entreprise ou un entrepreneur– sans percevoir de rémunération et se trouve trop souvent exclue des dispositifs d'aide et de protection sociale.
La nouvelle réglementation élargit également les critères d’éligibilité des personnes aidées afin de ne plus limiter les conditions d’accès aux seules incapacités lourdes. Ainsi, dès juillet 2022, les personnes aidées dont le degré d’autonomie a été évalué à GIR 4 se trouvent incluses dans le dispositif. Une avancée importante car deux tiers de cette population, dont la perte d’autonomie reste modérée, sont accompagnés par un proche qui les soutient dans les gestes de la vie quotidienne (aide à la toilette, aide aux courses, aide administrative…). Les parlementaires ont également supprimé le critère de « gravité particulière » et l’article 2 du décret ouvre le congé aux salariés qui accompagnent des personnes invalides ou bénéficiant d’une rente d’accident du travail ou liée à une maladie professionnelle.
Enfin, les démarches administratives pour bénéficier du congé sont assouplies. Auparavant, il était nécessaire de fournir les justificatifs de demande d’AJPA à la CAF ou à la MSA (Mutualité Sociale Agricole). Aujourd’hui, une seule démarche est nécessaire : il suffit de demander une autorisation de congé aidant (avec les justificatifs liés à la situation de la personne aidée) à son employeur.
La CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie) souligne l’importance de cette avancée réglementaire qui devrait faciliter la vie des accompagnants et de leurs proches, mais l’organisme note cependant que, face à la diversité des situations de handicap, il serait nécessaire de continuer à améliorer ce dispositif afin de garantir une égalité de traitement de tous les aidants.