Congé de proche aidant rémunéré : Pour qui ? Combien ?
Très attendue, la stratégie pour accompagner les aidants que vient de dévoiler le gouvernement est sous le feu des projecteurs. Avec pour ambition affichée la prise en compte de la charge –mentale et financière– des millions de personnes qui, confrontées à la maladie ou la dépendance d’un proche, lui consacrent leur quotidien, allant jusqu’à sacrifier parfois leur vie intime, leur carrière et leur santé.
Dans l’ouvrage Aidants : ces invisibles, le docteur Hélène Rossinot, médecin spécialiste de santé publique, revient sur le rôle essentiel des aidants avec l’appui de nombreux témoignages. Qui sont ces Français, dont le nombre s’élève à 11 millions –soit un de nos concitoyens sur six– qui se dévouent ainsi ? En quoi les mesures annoncées vont-elles les concerner, et en particulier la mesure phare que constitue un congé rémunéré ?
Qui sont les aidants familiaux ?
Est « aidant », selon la définition qu’en donne le gouvernement, toute « personne qui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne d’une personne en perte d’autonomie, du fait de l’âge, de la maladie ou d’un handicap. »
La variété des situations auxquelles sont confrontées les personnes qui aident l’un des leurs est infinie, recouvrant maladies sans rémission, handicap ou encore dépendance d’une personne âgée. Cependant, les caractéristiques de la population aidante font apparaître qu’à 90 %, ils accompagnent un membre de leur famille, dont 52 % un de leurs parents, que les femmes sont représentées en majorité (57 %) et que plus d’un aidant sur deux, 61 %, travaille. Par ailleurs, si 37 % ont entre 50 et 64 ans, on estime à quelque 500 000 le nombre de jeunes qui assistent un proche, dont 40 % ont moins de 20 ans et même 13 % entre 13 et 16 ans.
Enfin, huit aidants sur dix ne se sentent pas soutenus par les pouvoirs publics et, élément significatif de l’épuisement qu’engendre le fait de s’occuper de quelqu’un sans répit possible, plus de 30 % délaissent leur propre santé, mourant avant le patient qu’ils assistent, pourcentage qui s’élève à 40 % lorsque le malade est atteint d’Alzheimer. Aussi, le plan gouvernemental a-t-il la volonté de prendre à bras-le-corps une problématique aux aspects multiples, qui peut concerner chacun de nos concitoyens.
La création d'un congé rémunéré pour les aidants
Existant depuis 2016, le congé de proche aidant, d'une durée maximum d'un an, s’adresse aux actifs –salariés, travailleurs indépendants, fonctionnaires– s'ils assistent un proche en situation de handicap à 80 % ou une personne âgée dépendante. Cependant, ce dispositif étant non indemnisé, il est peu utilisé. S'ajoutant aux autres congés celui de présence parentale, pour accompagner un enfant malade ou handicapé, celui de solidarité familiale, pour assister un proche en fin de vie, ce nouveau congé vient enfin combler une grave lacune, grâce à son indemnisation.
Prévue par le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2020, cette indemnisation, mise en place dès octobre 2020, pourra aller jusqu'à trois mois ouvrés sur l’ensemble d’une carrière. Fixée à 43 € par jour pour une personne aidante vivant en couple, à 52 € pour une personne seule, cette disposition se veut d'une grande souplesse et indemnisera des jours pris consécutivement, de manière fractionnée ou en complément d’une activité à temps partiel. Nouvelle mesure également, la période indemnisée sera automatiquement prise en compte pour le calcul des droits à la retraite.
D’ici dix ans, un Français sur quatre devrait se trouver en situation d’aidant. Pour répondre à ce défi, le gouvernement prévoit une vaste campagne de mobilisation nationale axée, en particulier, sur le soutien au quotidien des aidants (création de lieux d'accueil et d'information, renforcement des solutions dites de répit). Sur le modèle d’autres pays Canada, Irlande, la société se prépare à sortir les aidants de leur isolement, dans une démarche solidaire.