Des mesures pour faire face à la crise financière des EHPAD
Hausses des dépenses, baisse du taux d’occupation, de nombreux EHPAD, notamment dans le secteur public et dans le secteur privé à but non lucratif sont dans le rouge.
Quelles causes et quelles solutions à cette crise ?
Les EHPAD touchés par l’inflation et les hausses de l’énergie
Les Établissements d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) et les maisons de retraite médicalisées n'échappent pas à la crise. Ces établissements de santé connaissent une période difficile et les chiffres attestent ce constat. Selon les acteurs du secteur, plus de 80 % des EHPAD seraient en déficit contre 40 % avant le Covid.
Pourquoi une telle chute alors que le vieillissement de la population est en progression constante ?
Parmi les nombreuses raisons, on retrouve :
- La hausse des dépenses énergétiques,
- Une inflation alimentaire galopante,
- Une recette en baisse suite à l'épidémie du Covid,
- La revalorisation des salaires du personnel soignant en lien avec le Ségur de la Santé,
- La mise aux normes des chambres et travaux de conformité des locaux.
De nombreuses familles mettent également en avant une perte de confiance suite à la publication du livre « Les Fossoyeurs » de Victor Castanet. On note toutefois que les EHPAD ont su réagir tant au sujet de l'accueil des seniors qu'au niveau structurel.
Les causes réelles de cette crise sont donc avant tout liées à la hausse généralisée des prix et à l’augmentation des salaires souvent peu ou mal compensée par l’État. À ces problèmes, s'ajoutent une pénurie de personnel, un manque de formation et le recours de plus en plus fréquent à l’intérim, bien plus cher. Tous les ingrédients d'une crise durable sont donc réunis.
Pour soulager les EHPAD, le Gouvernement a débloqué en urgence une enveloppe de 100 millions d'euros et des solutions ont été proposées dans le cadre du programme « Bien vieillir » et de La loi de financement de la sécurité sociale (LFSS).
Le modèle de financement des EHPAD repensé
Selon le SYNERPA (Syndicat national des établissements, résidences et services d'aide à domicile privés pour personnes âgées), le nombre des plus de 60 ans devrait passer de 17 millions à 27 millions d'ici 2050. Face à l’augmentation corrélée du nombre de personnes en situation de dépendance, l'EHPAD va devenir un acteur clé dans la prise en charge de ces publics.
Or, augmenter les tarifs n'est pas envisageable. 76 % des résidents de ce type de structures médico-sociales possèdent des revenus modestes. Des aides et subventions comme l'APA en établissement (Allocation Personnalisée d’Autonomie) et l'ASH (Aide Sociale à l’Hébergement) permettent d’ores et déjà de réduire le reste à charge. Une remise à plat des finances et de la gestion est donc nécessaire et plusieurs pistes sont étudiées.
De nombreuses voix plaident pour le recours à la solidarité nationale, entre obligation alimentaire, récupération sur la succession et contribution solidaire. Un tarif plus élevé pourrait en effet être appliqué aux résidents les plus aisés.
La Loi de Financement de la Sécurité Sociale prévoit également une fusion des forfaits soins et dépendance et la création de 6 000 postes de soignants pour 2024, avec un objectif de 50 000 nouveaux professionnels d'ici 2030.
La LFSS acte en effet une refonte en profondeur du fonctionnement des EHPAD dont voici les mesures phares :
- Recrutement de personnels supplémentaires pour mieux accompagner les personnes âgées,
- Revalorisation des salaires et de la formation afin de dynamiser la filière,
- Investissements pour rénover et moderniser les infrastructures,
- Création de places supplémentaires pour accueillir les malades d'Alzheimer
- Mise en place d'un guichet unique pour simplifier les démarches des aidants,
- Réforme de la tarification des EHPAD et révision du forfait soin,
- Renforcement de la transparence sur les tarifs et les offres pour rassurer les familles.
Toutes ces mesures visent à améliorer l’accueil des personnes âgées dépendantes en EHPAD.