Grand âge et autonomie, la stratégie de prévention du Gouvernement
Depuis plusieurs années déjà, avec l’allongement de la durée de vie, on constate le vieillissement de la population française. Avec l'avancée en âge des baby-boomers, cette tendance va en s'accélérant. On évalue ainsi que d’ici 2040, le nombre de seniors de plus de 75 ans atteindra 10,6 millions, soit une augmentation de 5,5 points en 25 ans. Afin d’anticiper et d’accompagner cette transition démographique, la ministre des solidarités et de la santé vient de présenter la stratégie 2020-2022 du gouvernement pour « vieillir en bonne santé ».
L’enjeu du vieillissement des seniors
Le vieillissement de la population pose de nombreux défis aux pouvoirs publics : défi économique (question des retraites), défis sociaux (la nécessaire solidarité envers nos aînés les plus modestes), défi de santé publique (le bien-vieillir). Afin de répondre à ces enjeux, le gouvernement planche sur un projet de loi destinée à préserver l’autonomie des seniors.
Le grand âge est souvent associé à l'idée de perte d'autonomie et de dépendance. Mais en réalité ce lien n'est pas automatique, c’est bien la maladie, et non pas l'avancée en âge, qui est facteur de dépendance. Selon les données disponibles, sur dix personnes qui décèdent en France, quatre ont vécu une perte d'autonomie dont deux de façon sévère. Il ne s’agit donc pas d’une fatalité et, pour que diminue encore ce chiffre, il est impératif d'amplifier la prévention. Tel est l'objectif affirmé de la stratégie gouvernementale du bien-vieillir pour laquelle protéger sa santé permet de préserver son autonomie sur le long terme.
S'inscrivant dans la continuité du plan « prévention santé » adopté en 2018 pour l'ensemble de la population française, la stratégie du bien-vieillir repose sur une multitude d'actions telles que le renforcement de la communication et de l'éducation à la santé tout au long de la vie, la généralisation d'un rendez-vous « jeune senior » lors du passage à la retraite, la diffusion auprès des professionnels d'un programme de dépistage des fragilités des seniors, le soutien à l'adaptation des logements, la mobilisation des acteurs et de toute la société, etc.
Les trois axes de prévention de la réforme du grand âge
La stratégie du gouvernement propose un panel d’actions pour soutenir le vieillissement en santé en s’appuyant sur trois grands axes :
- Si protéger sa santé doit se faire tout au long de la vie, il est un âge –entre 40 et 45 ans– où la prise de conscience s'avère plus importante. Santé Publique France, l’agence nationale de santé publique, développera d'ici fin 2020 une application afin d'apporter à chacun, à partir d'un auto-diagnostic de ses propres besoins, des conseils personnalisés en vue d'acquérir progressivement de nouveaux comportements. Ses cibles seront les maladies chroniques et les troubles neurocognitifs, sources principales de perte d'autonomie.
- La lutte contre l'isolement social des seniors doit faire partie d'une action globale en faveur du bien-vieillir. Elle appelle une mobilisation de toute la société, au plus près des personnes âgées. Dans cet esprit, la stratégie gouvernementale prévoit d'accompagner les territoires en assurant la diffusion du label « villes amies des aînés » (label récompensant les démarches en faveur de la citoyenneté des seniors et combattant l'âgisme), d'appuyer financièrement les initiatives locales ou de contribuer à l'ingénierie des projets. L'investissement des jeunes du service national universel et du service civique viendra renforcer ce volet.
- Les chutes sont un des facteurs accélérant la perte d'autonomie. Aussi, afin de soutenir le maintien à domicile, le plan gouvernemental insiste-t-il sur la nécessaire adaptation des logements : à cette fin, un soutien à des diagnostics logement gratuits ou à prix réduits ainsi qu’une enveloppe de 1 milliard d'euros est mobilisée en faveur des ménages modestes souhaitant entreprendre des travaux d'aménagement de leur salle de bains. L'aide Action Logement, existant depuis septembre 2019, permet aux personnes âgées de recevoir une aide pouvant atteindre 5 000 € pour l'installation d'une douche handicapé, d'un lavabo ergonomique ou de WC adaptés. Pour en bénéficier, il faut être retraité du secteur privé âgé de plus de 70 ans ou de plus de 60 ans et justifier d’une perte d’autonomie de niveau GIR 1 à 4. Il convient en outre de ne pas dépasser un plafond de ressources défini par l’Anah (Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat).