Interview : La SFGG, pionnière de la Gériatrie en France

Pouvez-vous nous présenter la SFGG et ses principales missions ?

La Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG) a été fondée en 1961 avec pour mission de répondre aux défis posés par le vieillissement de la population.

Notre association regroupe des professionnels de la santé, chercheurs et experts en gériatrie et gérontologie, répartis en différents collèges. Ces collèges couvrent divers domaines tels que la recherche, la pratique clinique gériatrique, et la formation continue.

Nous comptons plus de 3 000 membres actifs, comprenant des gériatres, des infirmiers, des psychologues et d'autres spécialistes.

Nos valeurs fondamentales sont le respect, la dignité et l'autonomie des personnes âgées, ainsi que la promotion de la recherche et de l'innovation pour améliorer leur qualité de vie.

Pouvez-vous brièvement nous définir la gériatrie et la gérontologie et nous expliquer leurs différences ?

La gériatrie est une spécialité médicale dédiée à la santé et aux soins des personnes âgées. Elle se concentre sur la prévention, le diagnostic, le traitement et la réadaptation des maladies et des incapacités chez les seniors.

La gérontologie, en revanche, est une science plus large qui étudie le vieillissement sous tous ses aspects : biologiques, psychologiques, sociaux et économiques.

Tandis que la gériatrie s'adresse directement aux soins des individus âgés, la gérontologie vise à comprendre le processus de vieillissement et à informer les politiques publiques et les pratiques sociétales.

Quels sont les principaux défis que rencontre actuellement la SFGG ?

Le 1er défi est de valoriser notre discipline pour qu’elle soit reconnue à l’identique des autres spécialités médicales d’organe. La gériatrie est une spécialité médicale prenant en compte le patient âgé dans sa globalité : affections physiques, mentales, fonctionnelles et sociales ; et dans différents contextes (aigus, chroniques, de réhabilitation, de prévention et en fin de vie).

Elle dépasse ainsi la médecine d’organe et offre un modèle de soin global, intégrant le soin des maladies aiguës et chroniques et la prévention de la perte d’autonomie fonctionnelle ainsi que la qualité de vie des malades

Le 2ème défi est de faire face au vieillissement rapide de la population française, qui demande des ressources accrues et une adaptation constante des services de santé. L’enjeu est important, et l’approche intégrée, systémique et unifiée de la gériatrie et de la gérontologie doit être renforcée.

Ces forces et ces atouts que nous portons au sein de notre discipline doivent nous permettre aujourd’hui d’élargir le débat sur le vieillissement au-delà de la dépendance et pour en faire un débat éthique, sociétal et transversal. Les moyens financiers et humains restent encore aujourd’hui insuffisants pour répondre aux enjeux du vieillissement.

Le 3ème défi est d’adapter les métiers du soin et le nombre de professionnels aux enjeux de l’avancée en âge et de promouvoir les nouveaux métiers en gériatrie, mais également accroître le nombre de gériatres.

Il y a un besoin de personnel qualifié au service de nos aînés, et il en manque. Les conditions de travail des professionnels de la gériatrie sont également un enjeu crucial, avec des besoins de formation continue et de reconnaissance de leur spécialité. 

Le 4ème défi est de poursuivre le combat contre l’âgisme sous toutes ses formes, poursuivre la lutte contre tous les âgismes, notamment l’âgisme sanitaire, mis à mal par la crise COVID mais également aujourd’hui par la crise sans précédent que vit la santé, l’organisation des soins et l’hôpital en France.

Comment la SFGG contribue-t-elle à l’amélioration des soins et de la qualité de vie des personnes âgées ?

La SFGG joue un rôle central dans l'amélioration des soins et de la qualité de vie des personnes âgées par plusieurs actions.

Nous organisons des événements réguliers tels que des conférences et des ateliers pour partager les dernières avancées scientifiques et médicales. Nous soutenons également des recherches innovantes dans le domaine de la gériatrie et de la gérontologie.

Par ailleurs, nous œuvrons à l'élaboration de recommandations de bonnes pratiques et à la formation continue des professionnels de santé. Par nos actions, nous visons à garantir des soins de qualité, centrés sur la personne âgée et respectant leur dignité et leur autonomie.

Quelles actions mettez-vous en place pour promouvoir la recherche et l’innovation dans le domaine de la gériatrie ?

Pour promouvoir la recherche et l'innovation, la SFGG soutient divers projets et initiatives. Nous attribuons des prix, tels que le Prix Chaffoteaux et le Prix de l'Innovation, qui récompensent les travaux de recherche prometteurs et les initiatives innovantes.

Nous collaborons avec des institutions de recherche et des universités pour développer des programmes de recherche en gériatrie et gérontologie.

De plus, nous organisons des congrès (les JASFGG), des journées de travail centrées sur la pratique et sur une thématique à chaque fois (les Printanières), des formations (proposées par l’ODPC de Gériatrie) et des webinaires (sur la vaccination, la dénutrition) pour encourager le partage des connaissances, la diffusion des bonnes pratiques et des idées nouvelles entre chercheurs et praticiens.

Comment les professionnels de santé et le grand public peuvent-ils s’impliquer davantage pour soutenir la SFGG ?

Les professionnels de santé peuvent s'impliquer en rejoignant la SFGG, en participant à nos événements, et en contribuant à nos groupes de travail. Ils peuvent également soutenir nos initiatives de formation continue et de recherche.

Le grand public peut aider en sensibilisant leur entourage aux enjeux du vieillissement et en participant à nos campagnes de communication.

Ensemble, nous pouvons renforcer notre action pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées, faire face aux défis du vieillissement et changer l’image de la personne âgée dans la société (à ce titre nous avions lancé en 2020 une campagne mondiale #OldLivesMatter pour sensibiliser à l’âgisme).