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Le maintien à domicile face aux crises sanitaires

Rédaction : Sophie Dolleans - Mise à jour : 12 mai 2020 à 10h55

Temps de lecture estimé à : moins d'une minute

Vieillir chez soi face aux crises sanitaires

D’après les chiffres de Santé Publique France, plus de 13 000 personnes âgées hébergées en EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) sont décédées des suites du coronavirus. Si toutes les structures n’ont pas été touchées par l’épidémie, 45 % d’entre elles ont connu au moins un cas de Covid-19. Cette tragédie sanitaire s’explique par la vulnérabilité particulière des résidents, les conditions d’hébergement collectif et les difficultés organisationnelles des structures face à cette crise sans précédent.

En 2050, la France devrait compter 5 millions de seniors de plus de 85 ans. Au regard de la pandémie et à ses conséquences dramatiques, la question du maintien à domicile comme alternative à l’hébergement spécialisé se pose. Comment permettre aux personnes âgées de vieillir chez elles afin de se préserver des risques sanitaires ?

 

La crise des EHPAD face à la pandémie

Non comptabilisé jusqu’au début du mois d’avril, le nombre de décès en EHPAD pèse depuis lourd dans le bilan officiel. Plus de la moitié des victimes du Covid-19 a ainsi été contaminée au sein d’un établissement médicalisé. Déjà fragilisés par un manque d’effectif avant cette crise sanitaire, les EHPAD se retrouvent à nouveau au cœur de la tourmente. La situation a soulevé de nombreuses critiques et plusieurs plaintes ont d’ores et déjà été déposées. En cause, un retard sur la mise en place des gestes barrières et les moyens de protection : manque de masques pour le personnel et les résidents, sacs poubelle en guise de surblouses, peu de tests effectués sur les personnels comme sur les seniors... De nombreuses familles de résidents pointent également du doigt le manque de communication.

De fait, le confinement a accentué les difficultés organisationnelles, puisque certains employés ont été contraints de garder leurs enfants à domicile alors, qu’en parallèle, le besoin en effectifs augmentait pour accompagner les résidents souffrant des conséquences psychologiques de l’isolement. Par ailleurs, la fermeture au public a échoué à empêcher la propagation du virus. L’État a été mis en cause et critiqué sur son temps de réaction de plusieurs semaines, avant que le Ministre de la santé ne décrète, le 6 avril, un plan massif de dépistage et la distribution prioritaire de protections en EHPAD. Si depuis le 11 mai, la population est à nouveau autorisée à sortir dans un périmètre de 100 km, les EHPAD restent quant à eux strictement confinés. Devant le désarroi des résidents coupés de tout contact avec leurs proches depuis la mi-mars, le Premier Ministre a toutefois autorisé la reprise des visites en EHPAD sous conditions strictes de sécurité.

Cet été devrait être présentée une revalorisation des métiers du grand âge avec des préconisations en matière d’effectif et d’architecture des EHPAD pour assurer une assistance de meilleure qualité.

 

Plaidoyer pour le maintien à domicile

Face au terrible constat de cette crise sanitaire dans les maisons de retraite, Monique Boutrand, chargée de mission pour la CFDT, plaide pour le développement du maintien à domicile des seniors dans une tribune au Monde. Cette spécialiste des questions du vieillissement constate que la pandémie a mis à jour des failles dans le traitement de la vieillesse et de la dépendance dans notre société. S’appuyant sur l’exemple d’autres pays comme le Danemark, elle pointe la nécessité de réorienter les politiques publiques permettant aux personnes âgées de vieillir à domicile, en s’attachant à la construction de logements adaptés, au développement des services de proximité, avec en corollaire une revalorisation des rémunérations des métiers liés au vieillissement.

En France, de nombreuses aides financières existent déjà pour soutenir le maintien à domicile : l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) permet la prise en charge des dépenses liées à une perte d'autonomie (aide à domicile, adaptation du logement). Pour les personnes dont les revenus sont modestes, l’aide Anah (Agence nationale de l’habitat) « Habiter facile » offre une prise en charge de 35 à 50 % des travaux favorisant l’accessibilité des logements.

Il existe aussi des aides financières pour le retour à domicile après hospitalisation (aide au ménage, aide au repas, aide à la toilette, repassage à domicile…), du crédit d’impôt personnes âgées, des aides de la CARSAT, ou des autres caisses de retraites, permettant d’adapter et de sécuriser son habitation (installation d'un monte-escalier électrique ou d'une douche sécurisée). Toutes ces mesures facilitent le maintien à domicile, mais il existe encore trop peu de structures collectives qui travaillent à soutenir l’autonomie de nos aînés. On note également la difficulté de vieillir à domicile pour les personnes âgées isolées et l’importance des aidants dont le rôle commence à être reconnu par les pouvoirs publics.

Si cette pandémie a permis de révéler des métiers de l’ombre, elle a, à l’évidence, également démontré que vieillir à domicile aide à se préserver du risque de contagion. Travailler à prévenir la perte d’autonomie et la dépendance devient alors une adaptation nécessaire pour protéger le grand âge contre ce type de crise sanitaire. Le 13 avril dernier, Emmanuel Macron, s’est engagé à mettre en place « un plan massif pour nos aînés », les associations et professionnels du secteur de l’âge.

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