Le pharmacien correspondant : missions et fonctionnement
Suite à un nouveau décret, les assurés qui le souhaitent ont désormais la possibilité de déclarer un pharmacien correspondant à l’Assurance Maladie. En cas de maladie chronique, le praticien est autorisé à renouveler les ordonnances et à ajuster la posologie des traitements. À condition, cependant, que le médecin traitant ait donné son accord.
Voici comment cela fonctionnera.
La possibilité de déclarer un pharmacien correspondant
Avec ce nouveau décret, paru au Journal officiel le 30 mai, le ministère des Solidarités et de la Santé souhaite faire en sorte que les maladies chroniques soient mieux prises en charge. Chaque assuré dispose à cet effet de la possibilité de déclarer un pharmacien référent à l’Assurance Maladie. Ce dernier est ensuite habilité à « renouveler périodiquement des traitements chroniques », et à « ajuster, si besoin, leur posologie ».
Cela devrait permettre d’éviter les ruptures de traitement, et de lutter contre les déserts médicaux. Pour le pharmacien référent, ces nouvelles attributions restent toutefois encadrées par le médecin, qui garde un droit de regard sur ses prescriptions.
Pharmacien correspondant : de nouvelles missions sous condition
Le Décret n° 2021-685 du 28 mai 2021 inclut plusieurs conditions :
- L’ordonnance du médecin doit indiquer que le pharmacien correspondant est autorisé à renouveler ou à ajuster le traitement. Cette autorisation peut ne concerner qu’une partie de l’ordonnance.
- Le médecin traitant doit être informé par le pharmacien de la modification de posologie.
- Le pharmacien doit indiquer s’il y a eu renouvellement ou adaptation de la posologie sur l’ordonnance.
- La durée des prescription et renouvellements effectués par le pharmacien correspondant ne peuvent excéder douze mois.
- Par respect de la confidentialité et un accueil individualisé des patients, l'officine ou la pharmacie mutualiste (ou, plus rare, de secours minière) doit disposer des locaux permettant de s’isoler. Cette confidentialité est également obligatoire dans le cas où le pharmacien intervient auprès d'un résident en établissement médicalisé.
- Autre restriction : le ministère de la Santé peut fixer par arrêté, pour des questions de santé publique, une liste des traitements non-éligibles.
Un dispositif déjà existant remis à l’ordre du jour
De fait, ce dispositif du pharmacien correspondant a plus de dix ans. La loi de 2009 Hôpital, Patients, Santé et Territoires, qui reconnaissait aux pharmaciens d’officine la possibilité d’exercer de nouvelles missions de service public, l’incluait déjà à l'époque, avec d’autres missions telles que la prévention et le dépistage, des conseils personnalisés...
Mais concrètement, il n’était pas possible d’enregistrer le pharmacien correspondant dans les bases de données de l’Assurance Maladie, et peu de gens usaient de cette possibilité.
Comment déclarer son pharmacien correspondant ?
Contrairement au médecin traitant, obligatoire pour bénéficier d'une prise en charge normale par l’assurance-maladie, un patient n’est pas obligé d'avoir un pharmacien correspondant. Il ne sera pas non plus pénalisé s’il n’en déclare pas un.
S’il en souhaite un, c’est à lui de le choisir, et d’en informer l’assurance-maladie.
Quel accueil du décret de la part des professionnels de santé
Renaud Nadjahi, vice-président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), et Jean-Paul Ortiz, médecin et président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), n’ont pas tout à fait la même vision des choses.
Alors que le premier se félicite de cette « intégration du pharmacien dans le parcours de soins » avec des pharmaciens qui deviennent « de moins en moins commerçant et de plus en plus soignant », le second est plus réservé. « Adapter une posologie est une décision médicale, n'oublions pas que chacun a un cœur de métier qui doit être respecté. Le pharmacien, ce n'est pas celui qui prescrit », souligne-t-il, mettant en garde contre l’éventualité de complications en cas de renouvellement excessif.