L’EHPAD du futur : le rapport qui repense l’hébergement senior
« Pour un changement radical de modèle », le ton est donné par le rapport présenté début juin par trois membres du think tank Matières grises, Jérôme Guedj, Luc Broussy et Anna Kuhn-Lafont, sur ce que devra être l’EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personne Âgée Dépendante) de demain. Voici les grandes lignes de cette étude qui repense complètement les structures d’accueil seniors.
Replacer la personne âgée au cœur du dispositif
L’aspiration forte des personnes âgées au maintien à domicile traduit leur attachement, non seulement à leurs habitudes et à leur histoire, mais aussi à la liberté qu’il permet, et notamment la liberté dans le choix de son rythme de vie, de ses horaires, de ses menus, de l’aménagement de son environnement immédiat, de ses activités...
L’EHPAD de demain, pour remédier à son image et à son manque d’attractivité, ne pourra plus faire l’impasse sur ces nouvelles attentes des seniors et devra repenser son organisation pour repartir d’elles et s’y adapter. Il doit se concevoir comme un lieu de vie et non seulement comme un établissement de soins. « Vous êtes ici chez vous » doit devenir son slogan et se traduire par des évolutions telles que le développement des formes de participation (sondages, référendums, groupes de paroles) et l’usage du numérique pour faciliter la communication et l’expression par le senior de ses choix et préférences.
Grâce à une nouvelle logique de personnalisation, le senior devra pouvoir décider de son rythme, de l’heure et du lieu du repas, de sortir ou de recevoir ses proches quand il le souhaite. Les familles seront mieux associées, leur droit de visite renforcé et les EHPAD auront à s’ouvrir systématiquement sur l’extérieur (partenariats avec institutions ou associations à proximité).
Repenser les espaces de vie
Pour mettre fin à la prédominance de la dimension « soins » dans l’organisation spatiale des EHPAD au profit de sa qualité de lieu de vie, le rapport propose différents aménagements qu’ils portent sur les espaces privatifs ou collectifs.
Occupée par un « habitant » et non plus un « résident », la chambre deviendra un « logement ». Au risque d’impacter le tarif d’hébergement, le rapport préconise que soit fixée une première étape de surface minimale de 26 m2, avec l’objectif de parvenir à terme à 30 m2. La future chambre devra adopter certaines des caractéristiques d’un logement : possibilité de le louer vide pour le meubler soi-même, positionnement non central du lit, « meubléabilité » de l’espace….
S’agissant des parties communes, le rapport préconise que leur architecture permette une véritable dissociation physique de la partie habitation et de la partie services et soins ainsi qu’une évolutivité des espaces grâce à des parois amovibles. Le semi-collectif doit être privilégié afin de rompre avec l’impression qui peut être pesante d’une « grande » collectivité autour de soi.
Faire de l’EHPAD une plateforme de ressources et de services
Le rapport innove en proposant que l’EHPAD s’ouvre et s’intègre à son environnement en devenant une plateforme de ressources et de services au profit des populations alentour. Il pourrait non seulement accueillir des services commerciaux de proximité (épicerie, salon de coiffure, blanchisserie…) mais aussi mettre des locaux à disposition d’associations ou d’autres institutions.
L’EHPAD deviendrait également pour les personnes âgées vivant à domicile dans sa proximité directe un lieu de services à leur intention : services d’aide et de soins à domicile, présence de professionnels paramédicaux, ateliers de prévention de la perte d’autonomie et de lutte contre l’isolement.
Cette nouvelle mission, porteuse de valeur ajoutée pour le territoire d’implantation de l’EHPAD, serait tout aussi bénéfique aux seniors y résidant –ou y « habitant »– car source alors de contacts stimulants.