Personnes âgées isolées, un phénomène de société
27 % des plus de 60 ans se sentent seuls, 19 % passent des journées entières sans pouvoir parler à quiconque, 300 000 d'entre eux seraient en situation de mort sociale… Face à ces inquiétants constats mis en lumière par une étude de 2019 menée par les Petits Frères des Pauvres, plusieurs préconisations pour rompre la solitude des seniors.
La solitude des seniors, un phénomène de société
Le rapport Solitude et isolement des personnes âgées en France, quels liens avec les territoires ? fait voler en éclats nombre d’idées reçues. La solitude des seniors est un phénomène de société qui peut toucher tout un chacun, aisé ou non, urbain, rural, souffrant ou bien portant. 4,6 millions de Français de plus de 60 ans indiquent être victime de solitude. Elle n’épargne ni les couples ni les personnes vivant chez un membre de leur famille ou résidant en Établissements d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EPHAD).
Grâce à un « indicateur d’isolement relationnel », mesuré grâce à l'analyse des différents cercles de sociabilité –familial, amical, de voisinage, de réseaux associatifs–, le rapport de l’association met en lumière la réalité de l’isolement de nos aînés. Leur situation familiale en est un facteur, bien entendu, mais l’isolement découle également de la rupture avec leur environnement social, humain, culturel et économique. Le ressenti de solitude se trouve aggravé dans certains territoires qualifiés « à risque » comme les « quartiers sensibles » où 32 % des aînés se disent touchés. On le constate aussi dans plusieurs régions comme le Centre-Val de Loire ou la Nouvelle-Aquitaine où, respectivement, 40 % et 32 % des personnes âgées déclarent se sentir seules.
Les causes de cette situation sont connues : délitement des liens familiaux mais aussi personnels et des solidarités locales, basculement dans les problématiques du grand âge dès 85 ans, éloignement résidentiel et habitat inadapté, manque de mobilité, disparition des commerces et services de proximité, exclusion numérique due à la dématérialisation des démarches (pour 3,9 millions de nos aînés).
Comment dès lors bien vivre si l’environnement constitue un frein et si l’accessibilité à l’espace public et à la vie économique et sociale est réduite ?
Comment lutter contre l’isolement des seniors ?
La prise de conscience de ce qu’il faut sans hésiter définir comme un fléau national est évidemment un préalable : mettre l’accent sur le risque d’invisibilité qui menace les seniors, exclus de nombre de politiques centrées sur les jeunes actifs, sensibiliser à une nécessaire solidarité, communiquer auprès du grand public et rappeler que chacun de nous est un senior en devenir.
Pour réagir, les Petits Frères des Pauvres, s'appuyant sur le fait qu'un lien fort existe entre les données d'un territoire et l'isolement des seniors, privilégient l'action de proximité. L’association préconise dans un premier temps d’identifier localement les personnes âgées ainsi que leurs besoins et difficultés. C'est ce qu'a fait, par exemple, le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de Saint-Avold en Moselle avec le concours d’un étudiant en Master en économie sociale et solidaire chargé d'une enquête auprès des seniors.
Ses conclusions vont dans le même sens que celles des Petits Frères des Pauvres : au-delà de l'action de l’État, trop souvent limitée à une approche globale et médico-sociale, les réponses sont territoriales. Faciliter les mobilités (transports adaptés ou à la demande), lutter contre la fracture numérique (ateliers personnalisés), créer ou faire revivre commerces et services de proximité, de santé, améliorer la couverture par internet, encourager à la citoyenneté, à l'intergénérationnel et à la solidarité... Il s'agit de mettre en œuvre une série de dispositifs mobilisant les énergies des acteurs locaux en fonction des problématiques locales.
Autant de conditions indispensables à une société inclusive et fraternelle envers nos aînés.