Santé & Vie pratique
Personnes handicapées : Les victimes oubliées du mal logement
Manque de logements adaptés, discriminations… les personnes en situation de handicap font face à une double peine : un accès largement entravé et des difficultés financières accrues. Retour sur une crise persistante et ignorée à l’issue du 30ème rapport sur « l'état du mal logement en France» publié en février 2025 par la Fondation pour le logement des défavorisés.
Des inégalités persistantes pour les personnes en situation de handicap
Les personnes en situation de handicap sont particulièrement touchées par le mal logement. Ce triste constat est amplifié par leur plus grande exposition à la précarité financière. Ainsi, 6,4 % des personnes porteuses d’un handicap –qu’il soit physique ou psychique– vivent dans un lieu surpeuplé (contre seulement 4 % de la population générale).
Certaines se trouvent même contraintes de rester vivre au sein de leur famille faute d’habitat adapté.
Obstacles financiers et réticence des propriétaires
Aux inégalités économiques vécues par les personnes handicapées s’ajoutent des discriminations persistantes : certains bailleurs se montrent réticents pour accorder une location à une personne en situation de handicap, nourrissant des stéréotypes infondés sur leur solvabilité ou leur capacité à entretenir le lieu.
Logement social, entre droits et réalités du terrain
Le rapport de la Fondation met en évidence la même problématique pour du logement social, où les personnes handicapées sont censées être prioritaires depuis 2022, en vertu du Droit Au Logement Opposable (DALO).
Dans les faits, ce public vulnérable a 14 % de chances en moins d’obtenir un logement du parc social par rapport au reste de la population.
Une situation paradoxale qui illustre bien les obstacles auxquels sont confrontés les handicapés dans l’accès à une habitation digne et adaptée.
Un marché du logement adapté quasi inexistant
L'offre de maisons et d’appartements adaptés au handicap reste largement insuffisante comme le souligne ce rapport, et le déficit concerne tant la disponibilité que l’accessibilité. De nombreux biens ne sont pas conçus pour accueillir des personnes en fauteuil roulant et ne disposent pas d’équipements adaptés et sécurisés pour les différentes situations de handicap.
Pourtant, la loi de 2005 avait instauré le principe d’une accessibilité complète pour l’ensemble des logements neufs. Cette ambition a malheureusement été revue à la baisse en 2018 avec la loi Élan, réduisant à 20 % la part devant être immédiatement accessible. Les 80 % restants doivent en revanche être facilement adaptables en cas de besoin… en théorie.
En pratique, cette flexibilité se heurte à un obstacle majeur : le coût des travaux d’adaptation, qui peut atteindre jusqu’à 30 000 € par habitation. De surcroît, ces transformations nécessitent les interventions de près de sept corps de métiers différents, rendant le processus d’autant plus onéreux. Il s’avère donc souvent plus économique de construire un logement adapté dès le départ plutôt que d’en modifier un déjà existant.
Notons que plusieurs aides financières et avantages fiscaux permettent d’adapter le logement au handicap ou au vieillissement, avec notamment l’aide de l’État MaPrimeAdapt, le crédit d’impôt accessibilité , la Prestation de Compensation du Handicap (PCH) ou l'Allocation Personnalisé d’Autonomie (APA).
Les professionnels peuvent quand financer l’accessibilité de leur boutique, de leur restaurant ou de leur cabinet médical avec le Fonds territorial d’accessibilité.
