Quel budget pour vieillir à domicile ?
Renforcé par la crise sanitaire qui s’est traduite par plusieurs milliers de décès de personnes âgées hébergées en EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes), le souhait de vieillir chez soi le plus longtemps possible est, pour une écrasante majorité de seniors (85 % selon un sondage IFOP de 2019), synonyme de bien vieillir. Mais à quelles conditions, en particulier financières ?
Une étude réalisée par le site retraite.com et Silver Alliance apporte de précieuses informations à ce sujet.
Vieillir à domicile, un budget qui augmente avec l’âge
Afin de réaliser cette étude, la méthodologie s’est, dans un premier temps, attardée sur les besoins des personnes âgées vivant à domicile en fonction de neuf profils combinant trois tranches d’âge (65-75 ans, 75-85 ans et plus de 85 ans) et, au sein de chaque tranche d’âge, trois niveaux de revenus.
La seconde étape a conduit à étudier le coût de plus de 25 produits et services: mutuelle, aide à domicile, aides techniques ou produits adaptés à la dépendance (lit médicalisé, fauteuil releveur...) qu’ils s’agissent de premiers prix, de tarifs intermédiaires ou premium.
Un budget moyen a ainsi pu être établi selon ces profils :
BUDGET MOYEN | 65-75 ans | 75-85 ans | Plus de 85 ans |
Services de base | 265 € par mois | 410 € par mois | 969 € par mois |
Services classiques | 651 € par mois | 734 € par mois | 1 815 € par mois |
Services haut de gamme | 834 € par mois | 1 077 € par mois | 2 725 € par mois |
1053 € par mois (ou 12 641 € par an) est le budget moyen nécessaire permettant aux seniors de bien vieillir à domicile, tous profils et tous âges confondus.
Au-delà de l’aspect prix, l’analyse qualitative montre également les différences existant quant à la nature des besoins en fonction de sa tranche d’âge. Ainsi, si pour les 65-75 ans, ce sont les frais de santé et les déplacements pour vie sociale et familiale qui viennent en tête, concernant les 75-85 ans, ce sont, avec une fois encore les frais de santé, les services à la personne qui constituent les postes de dépenses les plus importants.
À partir de 85 ans, le recours à des soins et services d’accompagnement devient le premier poste de dépenses (aide au ménage ou au repas, mais aussi garde de nuit ou service de téléassistance). S’y ajoutent les dépenses nécessitées par le besoin plus prégnant en appareillage ou en adaptation du logement.
Des aides et dispositifs pour vieillir chez soi
Plusieurs aides financières existent pour favoriser le maintien à domicile des personnes âgées. Parallèlement, les seniors ne doivent pas négliger l’anticipation d'une éventuelle perte d’autonomie grâce à plusieurs dispositifs.
Voici un panel des soutiens et solutions pour se préparer à bien vieillir :
- L’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie), destinée aux personnes de plus de 60 ans en perte d’autonomie, dépend, pour son montant, des revenus du bénéficiaire et de son degré de dépendance fixé par une équipe médico-sociale du département de résidence (classement du GIR 1 à 4, le GIR 1 désignant la dépendance la plus lourde). L’aide porte sur les services à domicile, l’achat d’équipements techniques (lit médicalisé, lève-malade...) ou encore la réalisation de travaux pour adapter son logement. L’APA n’est pas cumulable avec certaines aides (PCH...).
- Un crédit d’impôt pour le maintien à domicile de 25 % permet d'améliorer l'accessibilité des logements. Parfois conditionné par une situation de perte d’autonomie ou de handicap (pose d’une douche italienne personne âgée), ce dispositif est dans certains cas accessible simplement sur critères d’âge (installation d’un siège monte-escalier). Les dépenses relatives à des services d’aide à la personne sont quant à elles éligibles à un crédit d’impôt de 50 % (aide à l’autonomie, aide à la toilette à domicile, ménage à domicile, aide au repas, repassage à domicile...).
- Versée par les départements sans conditions de ressources, mais avec un montant qui varie en fonction des revenus, la PCH (Prestation de Compensation du Handicap) s’adresse aux personnes de moins de 60 ans (sauf si les conditions étaient réunies avant), touchées par un handicap source de diminution importante de leur autonomie. Parmi ses différents volets figurent le recours à un service d’aide à domicile, l’équipement en un matériel particulier (fauteuil roulant) et l’aménagement du logement (la prise en charge peut aller de 50 à 100 % du coût des travaux dans la limite de 10 000 € par période de 10 ans). Il peut s'agir par exemple d'installer une plateforme élévatrice PMR ou une baignoire avec porte.
- L'aide Anah (Agence nationale de l’habitat) « Habiter facile » finance les travaux pour améliorer ou adapter le logement à la perte d’autonomie ou au handicap. Si les conditions sont remplies (logement construit il y a plus de quinze ans, ressources n’excédant pas un certain plafond), le montant de l’aide peut couvrir de 35 à 50 % du coût des travaux (dans la limite de 20 000 € HT).
- S’adressant aux retraités de plus de 70 ans ou de plus de 60 ans, s’ils sont en perte d’autonomie, l’organisme Action Logement prévoit, sous conditions de revenus, une aide allant jusqu’à 5 000 € pour aménager les espaces sanitaires du logement (douche senior, WC rehaussés...).
- D’autres aides émanant des collectivités ou des caisses de retraite permettent de financer des dépenses d’autonomie, de santé ou d’adaptation du logement. La CNAV (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse) propose par exemple l’aide Bien vieillir chez soi. Le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) ou le CLIC (Centre Local d'Information et de Coordination Gérontologique) de votre secteur est susceptible de vous renseigner sur les dispositifs existant au niveau local.
- L’assurance dépendance permet de garantir le versement d’un capital ou d’une rente en cas de perte d’autonomie. Il est conseillé de la souscrire le plus tôt possible (vers l’âge de 50 ans) et de prévoir dans le contrat des clauses portant sur la prise en charge des soins, l’intervention d’aides à domicile, l’adaptation du logement.
- En dépit de la réforme 100 % Santé qui améliore l’accès aux soins et garantit au plus grand nombre une prise en charge à 100 % depuis le 1er janvier 2020 sur plusieurs prestations essentielles en dentaire et en optique et, depuis le 1er janvier 2021, de certaines prothèses auditives, bien choisir les clauses de sa mutuelle senior est indispensable : couverture du recours aux spécialistes, des dépassements d'honoraires, des besoins relevant du qualitatif (soins d’ostéopathie, de pédicurie, cures thermales, acupuncture) et des services d'aide à la personne (dépendance). Comme pour l’assurance dépendance, il est conseillé de ne pas attendre pour adhérer à une mutuelle senior car certaines complémentaires santé (à la différence de la plupart des mutuelles) fixent des limites d'âge ainsi qu’un délai de carence.