
Retraite : la France est-elle en retard sur ses voisins européens ?

Comparer les âges légaux de départ et les systèmes en place peut apporter un éclairage pertinent en y amenant réflexion et prise de recul. Alors que la réforme des retraites de 2023 continue de diviser l’opinion publique en France, une question se pose : la France est-elle réellement en décalage par rapport aux autres pays européens ?
Quel est l’âge légal de départ à la retraite en Europe ?
L’âge légal de départ à la retraite diffère sensiblement d’un pays européen à l’autre. Cette disparité s’explique par des choix politiques, économiques et sociaux propres à chaque État membre, mais elle révèle aussi une tendance commune à l’échelle du continent : repousser progressivement l’âge de cessation d’activité.
Cette fourchette large oscille en moyenne entre 62 et 67 ans, traduisant à la fois les écarts de politiques nationales et les ajustements en cours dans plusieurs pays.
La retraite en France dans la moyenne basse européenne
L’évolution de l’âge de départ à 64 ans demeure inférieure à celle observée dans plusieurs pays où le seuil est déjà fixé à bien plus. L’Allemagne, par exemple, a amorcé une transition vers un départ à 67 ans d’ici 2029, tout comme la Belgique, qui appliquera cette mesure à partir de 2030.
D’autres pays ont d’ores et déjà instauré un âge de départ fixé à 67 ans, à l’image de l’Italie, qui prévoit également une adaptation automatique en fonction de l’espérance de vie. Le Danemark suit une trajectoire similaire, avec un relèvement progressif à 68 ans prévu à l’horizon 2030.
Toutefois, confronter les âges légaux sans tenir compte des réalités concrètes (âge effectif de départ, durée de cotisation) peut donner une vision incomplète. Nombre de facteurs influencent directement le moment réel de sortie du marché du travail et le niveau de pension perçu, rendant tout parallèle plus complexe qu’il n’y paraît.
Des différences d’âge de départ selon le genre et la carrière
L’uniformisation des règles entre hommes et femmes progresse mais des écarts subsistent dans certains pays.
En Autriche, en Bulgarie ou encore en Suisse, les femmes peuvent partir plus tôt que les hommes bien que des harmonisations soient engagées pour tendre vers un âge commun.
Il convient de noter que plusieurs États membres conservent des dispositions spécifiques selon les carrières. Les travailleurs ayant occupé des emplois considérés comme pénibles peuvent partir plus tôt. En France par exemple, le dispositif de carrière longue ou celui de retraite anticipée pour incapacité s’inscrivent dans cette logique.
Des systèmes de retraite aux logiques différentes
Il ne suffit pas de comparer l’âge légal pour mesurer les différences entre les systèmes de retraite européens. En France, le système repose sur la répartition : les cotisations des actifs financent les pensions alors que la majorité des pays s’axent sur un système de capitalisation où les ressources sont placées sur des fonds de pension privés.
Cette différence structurelle a, de ce fait, un impact direct sur la flexibilité du départ, du montant et des incitations à prolonger la vie active.
Plus l’on vit, plus l’on travaille : la tendance qui s’impose
Dans l’ensemble des pays européens, l’allongement de l’espérance de vie conduit les gouvernements à repousser progressivement l’âge de départ à la retraite. L’objectif est clair : garantir l’équilibre des régimes face à une population vieillissante et à une durée de retraite qui s’allonge automatiquement.
Des mécanismes d’ajustement liés à la longévité
Ainsi, des mécanismes d’ajustement sont mis en place pour tenir compte de cette évolution démographique.
Certains États, comme la Finlande, la Lituanie ou l’Estonie, adaptent déjà automatiquement l’âge légal en fonction des projections de longévité. D’autres, comme la Suède ou la Norvège, misent sur des systèmes flexibles où chacun peut choisir son âge de départ, en contrepartie d’une pension ajustée.
Anticiper sa retraite grâce à des solutions complémentaires
Dans ce contexte mouvant, où les règles évoluent et les incertitudes demeurent, il peut être judicieux d’envisager des solutions complémentaires pour sécuriser son avenir. Selon une étude de la DRESS (Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistique) de 2015, la baisse des ressources lors du passage en retraite est de 25 % en moyenne.
Le Plan Épargne Retraite (PER) fait partie des dispositifs permettant d’anticiper la baisse de revenus liée au passage à la retraite. Accessible à tous, il permet de se constituer une épargne progressive, tout en bénéficiant d’avantages fiscaux. Réfléchir à sa retraite, c’est aussi s’autoriser à faire des choix adaptés à sa situation, en s’informant sur les solutions existantes.