Un nouvel espoir dans le traitement de la maladie d’Alzheimer
C’est une première depuis 2003 : l'Agence américaine des médicaments (FDA) vient d’approuver la mise sur le marché américain d’un nouveau médicament contre la maladie d’Alzheimer : l’Aduhelm. Produit par le laboratoire Biogen, la nouvelle molécule ne traite pas seulement les symptômes d'Alzheimer comme les traitements actuels, mais s’attaque aux causes de la maladie, à savoir la présence de plaques bêta-amyloides dans le cerveau. Son efficacité demeure toutefois questionnée par une partie de la communauté scientifique, qui appelle à la prudence.
Le premier traitement contre les causes de la maladie
La maladie d’Alzheimer est, à ce jour, la cause de démence la plus fréquente, touchant plus de 7 % de la population mondiale, le plus souvent âgée. Maladie neurodégénérative marquée par une altération des neurones, elle détruit de façon lente et progressive certaines fonctions cognitives comme la mémoire, le langage et entraîne des troubles du comportement. Deux types de lésions se forment chez les patients atteint de la maladie. L’une, la plaque amyloïde ou plaque sénile, est une accumulation anormale des protéines entre les neurones et l’autre, la protéine tau, se forme quand les fibres à l’intérieur des neurones s’entremêlent provoquant ainsi la dégénérescence neurofibrillaire.
À ce jour, bien qu’il n’existe pas de cure efficace pour lutter contre cette maladie dégénérative, deux groupes de médicaments sont utilisés dans le traitement d’Alzheimer : les anticholinestérasiques et les antiglutamates qui agissent sur les troubles de la mémoire et du comportement, mais pas sur la progression de la pathologie.
Ce nouveau médicament représente donc un véritable espoir pour les malades et leurs familles. Il utilise une molécule, l’Aducanumab. Il s’agit d’un anticorps monoclonal dont l’objectif est d’entraîner la dissolution des plaques séniles (plaques amyloïdes) qui s’accumulent dans les tissus cérébraux des patients et détruisent peu à peu le cerveau. Ce traitement injectable ne pourra être administré que lors des premiers symptômes, au stade léger de la maladie, d’où l’importance d’un dépistage précoce de la maladie.
Des résultats toutefois encore peu probants
En novembre dernier, un comité d’experts indépendants de la FDA avait émis un avis négatif sur l’autorisation de ce traitement, faute de preuves tangibles sur son efficacité. Le comité s’est appuyé sur deux études aux résultats contradictoires. La première avait conclu que le médicament était efficace et permettrait de diminuer les plaques amyloïdes de façon significative, la seconde avait quant à elle donné des résultats négatifs.
La FDA ne s’est pas affranchi de cet avis et a décidé, malgré tout, d’autoriser la vente du médicament, estimant que les « bénéfices attendus sont plus importants que les risques ».
Néanmoins, préférant jouer la carte de la sécurité, la FDA a préféré utiliser une procédure d’approbation accélérée réservée aux médicaments traitant « une maladie grave ou potentiellement mortelle et offrant un avantage thérapeutique significatif par rapport aux traitements existants » en ne conférant qu’une autorisation conditionnelle de sortie du produit, alternative que n’avait pas étudiée le comité.
Le laboratoire Biogen doit désormais conduire des études post-autorisation afin de vérifier les effets bénéfiques de son médicament, sans quoi la FDA pourrait être amené à le retirer du marché.
Si l’arrivée de ce médicament a été accueilli avec certaines réserves, beaucoup espèrent néanmoins, que l’autorisation de ce traitement ne soit pas un aboutissement, mais marque plutôt le début d’une nouvelle dynamique dans la recherche pour lutter contre la maladie d’Alzheimer.