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Rédaction : Carole Carries - Mise à jour : 17 septembre 2020 à 14h05

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Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?

Plus de 16 millions de personnes sont touchées par l’hypertension artérielle en France. On estime toutefois à 4 millions le nombre de malades non dépistés. Insidieuse et asymptomatique, la pathologie peut entraîner de très graves complications. Un traitement adapté, une bonne hygiène de vie, une activité physique régulière ainsi qu’une alimentation équilibrée permettent de réduire considérablement les risques.

L’affection se manifeste par une pression anormalement élevée du sang dans les artères. Si l’augmentation de la pression artérielle est tout à fait normale en situation de stress ou lors d’un effort physique, chez certaines personnes, la tension élevée persiste même au repos. On parle dans ce cas de personnes hypertendues.

Maladie cardiovasculaire la plus fréquente, on estime qu’un adulte sur trois est touché par l’hypertension artérielle et que cette pathologie concerne 10 % des 18-34 ans contre 65 % des plus de 65 ans.

Comprendre la tension artérielle

À chaque battement, le cœur agit comme une pompe pour distribuer le sang riche en oxygène dans l’ensemble du corps. La tension –ou pression artérielle– est la force qu’exerce le flux sanguin sur les parois artérielles. Cette tension est l’un des principaux indicateurs du bon état cardiovasculaire.

Le contrôle de la pression artérielle s’effectue à l’aide d’un tensiomètre. Le résultat est exprimé par deux chiffres indiqués soit en mm de mercure (mmHg) soit en centimètres de mercure (cmHg). Ils correspondent à deux types de pression :

  • La pression artérielle systolique (ou maxima) : C’est le chiffre le plus élevé dans la lecture de la tension artérielle. Il indique la pression exercée par le sang sur la paroi des artères au moment où le cœur se contracte (systole).
  • La pression artérielle diastolique (ou minima) : Il s’agit du chiffre le moins élevé révélé par le tensiomètre correspondant à la pression exercée par le sang sur la paroi des artères entre deux contractions du cœur (diastole) lorsque l’organe se dilate.

On parle d’hypertension artérielle lorsque les valeurs mesurées au repos sont supérieures ou égales à 140/90 mmHg ou 14/9 cmHg

Bon à savoir : On parle d’hypotension artérielle lorsque les valeurs mesurées au repos sont inférieures ou égales à 110/70 mmHg ou 11/7 cmHg.

Quels sont les symptômes de l’hypertension ?

L’hypertension artérielle ne s’accompagne généralement d’aucun symptôme. C’est la raison pour laquelle le terme de « tueur » ou de « mal » silencieux est fréquemment utilisé pour l’évoquer. La maladie évolue insidieusement au fil des années, provoquant sur le long terme des complications très lourdes tant au niveau cardiaque, cérébral, rénal que vasculaire.

Souvent banalisée, la pathologie est souvent découverte au cours d’un examen médical de routine. Certains troubles et signes peuvent toutefois alerter les malades et aider les soignants au diagnostic.

 

Les signes et troubles de l’hypertension

Certains troubles répétés peuvent laisser suspecter une possible hypertension artérielle. C’est notamment le cas des maux de tête au réveil, des bourdonnements d’oreille, des saignements de nez ou encore des troubles visuels.

Une douleur thoracique et/ou un essoufflement, des palpitations, des suées, une pâleur, une fatigue chronique, un trouble de la conscience, des vertiges trop fréquents ou du sang dans les urines sont également des signes évocateurs de la maladie à ne pas négliger.

 

Les complications

Sur le long terme, une hypertension artérielle non traitée peut être source de multiples pathologies. La maladie peut endommager le cœur et les vaisseaux sanguins et entraîner de graves complications :

 

Le diagnostic de l’hypertension

La mesure de la tension permet de poser le diagnostic d’une hypertension artérielle. Il est recommandé de consulter au moins une fois par an un médecin afin de contrôler sa tension. Si les chiffres sont anormaux, le praticien se doit de réaliser au moins deux mesures au cours d’une même consultation, à plusieurs minutes d’intervalle, au repos et en position couchée ou assise. Ces mesures doivent être renouvelées dans les quinze jours suivant.

De nombreux facteurs peuvent cependant faire varier la pression artérielle : le stress, l’effort, l’effet « blouse blanche » (montée de la tension due à la présence du médecin).
Aussi, afin de confirmer une hypertension, le médecin peut prescrire, soit une mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA), soit une automesure tensionnelle (AMT).

  • La mesure ambulatoire de la pression artérielle consiste à porter un Holter tensionnel ou tensiomètre programmé pour mesurer et enregistrer la pression artérielle toutes les 15 minutes durant 24 heures, de jour comme de nuit et pendant les activités du quotidien. Cet examen renseigne les variations de la pression artérielle au cours de l’effort mais aussi au repos ou pendant le sommeil. Grâce aux valeurs recueillies, le médecin peut établir le diagnostic d’hypertension artérielle et adapter le traitement.
  • L’automesure tensionnelle permet de mesurer soi-même sa tension à domicile à l’aide d’un brassard adaptable au bras ou d’un tensiomètre au poignet. La règle des trois doit être appliquée : au repos, au calme et en position assise. Ces trois mesures doivent être prises le matin, entre le lever et le petit déjeuner, ainsi que le soir, entre le dîner et le coucher, durant trois jours consécutifs. Ces dix-huit mesures doivent être reportées sur une fiche d’automesure qui sera examinée par le médecin lors de la consultation suivante.

Quelle cause à l'hypertension artérielle ?

Dans 90 % des cas, la cause de l’hypertension est difficile à identifier. On parle d’hypertension primaire. L’hypertension secondaire –10 % des cas– résulte quant à elle d’une causalité connue. Toutefois, ces causes peuvent se révéler très diverses. De multiples facteurs de risque entrent également en ligne de compte. Ils sont divisés en deux catégories : les risques non modifiables, ceux sur lesquels on ne peut agir, et les risques modifiables, sur lesquels il est essentiel d’agir.

 

Les facteurs de risque non modifiables

  • L’âge : Il s’agit du facteur principal de l’hypertension. Plus on avance en âge, plus le système artériel perd de sa souplesse. Les artères ont tendance à devenir plus rigides avec pour conséquence, l’augmentation de la pression sanguine. 80 % des personnes hypertendues sous traitement ont plus de 55 ans.
  • Le sexe : Chez les femmes, l’hypertension peut se développer lors de la prise de la première pilule contraceptive, au cours de la grossesse ainsi qu’au moment de la ménopause.
  • L’hérédité : Avoir l’un de ses parents, ou les deux, hypertendus accroît le risque de le devenir à son tour, d’où l’importance, dans ce cas, de réaliser des contrôles réguliers de sa tension afin de dépister la maladie.
  • La prémarité : Une hypertension artérielle sévère chez la mère peut occasionner une naissance prématurée source de graves complications au niveau cérébral, rénal et hépatique.
  • L’origine ethnique : Être d’origine afro-caribéenne ou sud-asiatique augmente le risque d’hypertension.

 

Les facteurs de risque modifiables

L’alimentation et l’hygiène de vie : Une alimentation trop riche en sel et graisses, une carence en potassium (absence de fruits et légumes, légumineuses et produits laitiers), une consommation excessive d’alcool et de tabac, les aliments et boissons contenant de la réglisse, mais aussi le manque d’exercice, la sédentarité, le stress ou le surpoids sont autant de facteurs qui favorisent la survenue de l’hypertension. Certains troubles et pathologies tels que le diabète ou l’apnée du sommeil sont également à risque.

En l’absence de traitement médicamenteux, adopter une bonne hygiène de vie et corriger certaines habitudes alimentaire peut sensiblement retarder l’apparition et freiner l’incidence de l’hypertension.

 

L’hypertension artérielle secondaire

Beaucoup plus rare, l’hypertension artérielle secondaire peut être consécutive à certaines maladies rénales, endocriniennes ou pathologies des glandes surrénales pouvant affecter le système cardiovasculaire et d’autres organes.

La prise de certains médicaments ou substances comme les corticoïdes, les antidépresseurs, anti-inflammatoires non stéroïdiens,  les contraceptifs, les œstrogènes ou certaines drogues peuvent également provoquer une élévation de la pression artérielle. Avant tout traitement pour réduire la pression artérielle, il est donc important de rechercher dans un premier temps à éliminer l’éventuelle cause médicamenteuse de la maladie.

Comment soigner l’hypertension ?

Respecter un certain nombre de règles hygiéno-diététiques constitue la meilleure façon de prévenir l’hypertension artérielle. Ces mesures représentent la base du traitement et permettent une prise en charge permettant de retarder la prise de médicaments.

 

L’hygiène de vie

Quelques principes simples permettent souvent de diminuer les risques d’hypertension et de rétablir une tension à valeur normale.

  • Limiter la consommation de sel : On veillera à ne pas en consommer plus de 5 à 6 g par jour. Un excès de sel peut, en effet, faire augmenter le niveau de tension artérielle. Attention aux aliments salés (charcuterie, biscuits apéritifs, fromage, biscottes, pain…) et aux plats préparés souvent beaucoup trop salés. Pour les eaux minérales, il est recommandé de consommer des eaux pauvres en sodium.
  • Modérer sa consommation d’alcool : Une trop forte consommation d’alcool peut être responsable d’une augmentation de la tension artérielle et occasionner un surpoids. Il est conseillé de boire modérément et de ne pas dépasser un à deux verres quotidiens avec pour maximum quatorze verres par semaine pour les hommes et neuf pour les femmes.
  • Stopper le tabac : Le tabac amplifie la fréquence cardiaque de 40 % et augmente la pression artérielle dans les 20 à 40 minutes suivant la consommation d’une cigarette. Les conséquences sur le cœur et la paroi des artères sont délétères. Arrêter de fumer est ainsi fortement recommandé. Le médecin peut prescrire des aides au sevrage de la nicotine.
  • Perdre du poids : Une étude de l’Inserm de 2016 indique que plus de 56 % des hommes et près de 41 % de femmes sont en surcharge pondérale. Or, un excès de poids a pour conséquence l’augmentation de la tension artérielle. Même minime, une perte de poids permet à elle seule de réduire sensiblement la tension et de diminuer le risque cardiovasculaire.
  • Pratiquer une activité physique régulière : L’activité physique, pratiquée de manière régulière, permet de réguler la tension artérielle et offre des bénéfices sur le plan cardiaque. Il est ainsi conseillé de marcher 30 minutes chaque jour. La pratique de sports doux et adaptés tels que la marche rapide, la gymnastique douce, le cyclisme, la randonnée ou l’aquagym sont également recommandés à raison de deux à trois fois par semaine.
  • Consommer des aliments riches en potassium : Nombre d’études ont démontré les vertus du régime méditerranéen sur la prévention des maladies cardiovasculaires. Il est ainsi recommandé de consommer des fruits et de légumes à volonté, de préférer la viande blanche à la viande rouge, de manger du poisson, de privilégier les fromages de chèvre et de brebis, de favoriser les céréales complètes et de supprimer des aliments riches en graisses animales comme la charcuterie. Par ailleurs, cuisiner à l’huile d’olive ou de colza est préconisé. En bref, il est important d’adopter une alimentation équilibrée, pauvre en sel et d’éviter les excès.
  • Réduire le stress : Une personne hypertendue souffrant de stress multiplie les risques de développer une pathologie cardiovasculaire (infarctus, accident vasculaire cérébral…). Aussi, les médecins recommandent-ils de pratiquer la méditation ou des activités relaxantes (yoga, Chi Cong…) et d’améliorer la qualité du sommeil. Une courte sieste quotidienne de 20 à 30 minutes, sans même s’endormir, permet de diminuer le stress et de faire baisser la pression artérielle.

 

Les traitements de l’hypertension

Si l’hypertension ne se guérit pas, plusieurs traitements médicamenteux permettent toutefois de réduire le risque de complications cardiovasculaires sur le long terme. Efficaces et bien tolérés, ces antihypertenseurs, possèdent des mécanismes d’actions différents qui peuvent être complémentaires. Avant de trouver le traitement adapté, le patient peut être amené à tester différents médicaments avant éventuellement d’associer deux ou trois molécules de familles différentes.

Parmi les principales familles de médicaments on retrouve :

  • Les diurétiques thiazidiques et apparentés : Ils agissent sur les reins et permettent d’éliminer le surplus de sel et d’eau contenu dans l’organisme afin de réduire la pression dans les vaisseaux. Ils sont généralement associés à d’autres médicaments.
  • Les bêta-bloquants : En diminuant la fréquence et la force des battements cardiaques, ces médicaments aident à diminuer l’activité du système nerveux, entraînant ainsi une baisse de tension.
  • Les alpha-bloquants : Ils permettent de réguler la pression au niveau des artères de l’organisme. Le traitement agit en bloquant les récepteurs alpha-adrénergiques des artères et des muscles lisses, favorisant ainsi la relaxation musculaire, l’élargissement vasculaire et la baisse de la pression artérielle. Ils peuvent toutefois provoquer des baisses de tension sur la station debout.
  • Les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARA II) : Ils bloquent l’action de l’angiotensive, une hormone produite par les reins, permettant un relâchement des vaisseaux sanguins et la diminution de la pression artérielle.
  • Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) : Ils diminuent la pression artérielle et réduisent la quantité de protéines présente dans les urines. Le traitement peut cependant provoquer des baisses de tension, des vertiges ou étourdissements et occasionner une toux sèche.
  • Les antagonistes calciques : Ces vasodilatateurs (dilation des artères) améliorent l’oxygénation du cœur et diminuent la tension artérielle. Ils peuvent provoquer des œdèmes des chevilles.
  • Les antihypertenseurs centraux : Ces médicaments stimulent certains récepteurs du cerveau qui vont bloquer le système sympathique contrôlant une grande partie des activités inconscientes (autonomes) du corps humain, tels que les battements cardiaques ou la contraction des muscles lisses. Ce traitement est généralement administré en association avec d’autres classes de médicaments.

 

Les innovations thérapeutiques

Certaines formes résistantes d’hypertension se révèlent difficiles à traiter. Si la non observance du traitement est généralement en cause, la cumul de plusieurs facteurs de risques peut également expliquer le phénomène. Plusieurs innovations thérapeutiques permettent de combattre ces résistances. La dénervation rénale et la barostimulation carotidienne font partie des approches thérapeutiques développées ces dernières années permettant de traiter les formes résistantes.

Retour sur ces deux techniques :

  • La dénervation rénale : Réalisée par voie neurovasculaire à l’aide d’un cathéter, cette technique permet de détruire les fibres nerveuses périphériques qui cheminent le long de l’artère rénale grâce à l’utilisation de radiofréquences ou d’ultrasons. Le rein est connecté au cerveau via ces fibres nerveuses et cette communication entretient l’hyperactivité du système nerveux sympathique. Bien que cette méthode s’accompagne d’une réduction stable de la pression artérielle, avec ou sans médicament antihypertenseur associé, elle doit encore être évaluée sur le long terme pour déterminer les patients qui pourront en bénéficier.
  • Le baroréflexe : Cette technique vise à stimuler le barocepteur (capteurs de pression) situé dans les artères carotides. Ce stimulateur est relié à une électrode directement implantée sur la carotide au niveau du cou et agit sur le système nerveux sympathique, ce qui a pour effet de réduire la tension artérielle, en particulier chez des patients souffrant d’hypertension artérielle résistante à tous les traitements médicamenteux.

Bon à savoir : Pour une prise en charge optimale de la maladie, le dépistage précoce constitue un élément essentiel des projets de recherche menés par les chercheurs.

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