Aidant, une tâche épuisante
S’investir auprès d’un proche âgé ou malade peut rapidement devenir éprouvant. Afin de supporter la charge matérielle, physique mais aussi mentale qu’implique le rôle d’aidant, il est primordial de se faire aider et de s’accorder des temps de repos.
Comment réussir à articuler cet investissement avec sa vie personnelle et professionnelle sans s’épuiser ?
Reconnaître les symptômes de l’épuisement
Être aidant requiert énergie physique et morale. Cumuler son métier et sa vie de famille avec la prise en charge d’une personne dépendante peut rapidement se révéler épuisant. Outre la charge physique et financière, le poids émotionnel est souvent lourd à porter. Très souvent préoccupés par l’état de santé de leur proche, les aidants ont parfois tendance à négliger leur propre bien-être. Difficile de voir son proche souffrir et d’assister à la dégradation de son état de santé. Pourtant, pour bien prendre soin d’une personne dépendante et assumer au mieux son rôle d’aidant, il est nécessaire d’écouter son propre corps et de lui accorder des temps de repos.
Lorsqu’ils deviennent trop fréquents, certains signes peuvent donner l’alerte : Douleurs articulaires, maux de dos, sautes d’humeur, colère, insomnie, fatigue, stress, tristesse, sentiment de solitude, diminution des relations sociales… À l’instar du burn-out professionnel, le burn-out de l’aidant peut se révéler ravageur. Il existe toutefois des solutions de répit et des structures pour accompagner les aidants au quotidien et leur éviter l’épuisement.
Conseils pour assumer son rôle d’aidant
Accompagner un proche malade ou dépendant est une tâche lourde et difficile. Afin de la mener à bien, il est important de prendre soin de soi-même.
Préservez votre santé
Bien que la santé de votre proche vous préoccupe, ne vous oubliez pas et prenez le temps de vous occuper de vous :
Bien s’alimenter : pour éviter les carences et maintenir son énergie,
Pratiquer une activité physique même sur un cours laps de temps : pour garder la forme, mieux dormir et ainsi réduire le stress et les risques de maladie. Une simple promenade de 30 minutes par semaine peut se révéler salvateur.
Bien dormir : Il est recommandé de dormir sept heures par nuit. Faire des nuits complètes autant que faire se peut permet de se ressourcer. Si les nuits sont trop courtes et que vous en avez la possibilité, s’octroyer une sieste dans la journée aide à récupérer.
Écouter son corps sans culpabiliser
Tout comme l’aidé, l’aidant familial a besoin d’écoute et de repos. Penser à soi lorsqu’on aide un aîné ou un proche peut parfois entraîner de la culpabilité. Dans la mesure du possible, l’aidant ne doit pas assumer seul la responsabilité d’un proche dépendant, ni hésiter à demander de l’aide. Le repos est primordial pour être en mesure de prodiguer les meilleurs soins possibles à son proche sans que cela n’entraîne des répercussions lourdes sur sa propre santé à moyen et long terme.
L’erreur trop souvent commise par les aidants consiste à ne pas demander de l’aide à temps. Par manque d’information, par peur de déranger leur entourage ou par manque de confiance en une tierce personne, les aidants attendent souvent d’atteindre leurs limites physiques et morales pour réagir et faire appel à une solution de relais. Préservez-vous, apprenez à vous appuyer sur les autres.
S’accorder du temps pour soi
Réussir à concilier vie professionnelle, vie d’aidant et vie personnelle n’est pas chose aisée. Il est pourtant essentiel de continuer à pratiquer des loisirs, même s’il est parfois nécessaire de les réduire par manque de temps. Les supprimer serait une grave erreur car ces activités constituent souvent un véritable dérivatif. Elles permettent de penser à autre chose et de recharger ses propres batteries.
Gérer ses émotions
Être aidant familial implique un large panel de sentiments, certains positifs, mais aussi parfois négatifs. Irritabilité, culpabilité, saute d’humeur, impatience, intolérance… Face à une telle situation, ressentir de telles émotions est tout à fait à fait normal. Il est important de les accepter et d’apprendre à en parler. Votre famille, vos amis ou même un professionnel de santé peuvent vous aider à surmonter ces sentiments.
Trouver les réponses à ses questions
Assumer le rôle d’aidant entraîne de nombreux questionnements. En quoi consistent vos missions ? Quels sont vos droits en tant qu’aidant ? Quelles aides matérielles ou fiscales sont disponibles ? Existe-t-il des dispositifs de relais ? Les professionnels de santé ainsi) que différents organismes locaux et nationaux (lien ss-guide 3) sont là pour vous accompagner et vous aiguiller au quotidien. N’hésitez pas à vous rapprocher d’eux afin d’obtenir de l’information et des conseils.
Connaître ses limites
Après avoir évalué les besoins de votre proche, définissez les tâches qui vous posent des difficultés pratiques (toilette, soins…) ainsi que le volume horaire qu’il vous est possible d’investir. Vous pourrez ensuite déterminer des aides humaines et matérielles nécessaires pour vous assister dans votre rôle d’aidant.
Prévenir l’isolement
Aider un proche dépendant nécessite temps et énergie. Cela impacte le quotidien et les habitudes de l’aidant avec de possibles répercussions sur la vie sociale allant parfois jusqu’à se couper de tout lien extérieur. Pour éviter au maximum le stress, il est recommandé de continuer à pratiquer ses loisirs et à exercer une activité physique. Il est également primordial de conserver un lien avec ses proches afin d’éviter de se retrouver isolé. Votre famille et vos amis peuvent s’avérer de bons conseils mais aussi vous soutenir durant les périodes difficiles et vous aider à prendre du recul. Il vous sera d’autant plus facile de leur demander du soutien ou de l’aide s’ils connaissent les difficultés de votre situation.
Aidant, évaluez-vous
À l’aide de notre grille d’évaluation, prenez le temps d’évaluer régulièrement votre situation d’aidant et de faire le point sur votre état physique et psychique.
Les solutions de répit et de relais pour les aidants
Quand l’épuisement se fait sentir, que le moral baisse, que la sensation de ne plus y arriver est prégnante, il est nécessaire de faire une pause pour souffler.
De nombreuses solutions existent pour permettre à l’aidant de s’accorder du repos et du répit :
- Demander de l’aide à votre entourage : Les proches, la famille, les amis, les voisins peuvent ponctuellement assurer un relais pendant quelques jours afin que vous puissiez souffler. Il est important de bien déterminer avec la ou les personne(s) la durée de votre absence ainsi que les missions à réaliser.
- L’accueil de jour : Proposé par certains établissements spécialisés –EHPAD (Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) ou maison de repos psychiatrique–, cet accueil est destiné aux personnes âgées en perte d’autonomie ou atteintes de maladies comme Alzheimer ou Parkinson et peut s’effectuer sur une semaine, sur plusieurs jours d’affilée ou encore à la demi-journée.
Cette solution permet aux aidés de retrouver des liens sociaux au sein d’une structure avec des professionnels de santé et d’autres personnes âgées et les incite à réaliser des activités adaptées à leur situation. Nécessitant un certificat médical, l’inscription se réalise directement auprès de la structure d’accueil. Pour trouver une structure d’accueil proche de chez vous, consultez l’annuaire en ligne. - L’hébergement temporaire : Pouvant être réalisé en EHPAD, en résidence autonomie ou encore en famille d’accueil, l’hébergement temporaire s’adresse aux personnes âgées vivant à leur domicile ainsi qu’à leurs aidants souhaitant s’accorder des temps de répit.
Avec un planning très souple, ce dispositif permet à la personne dépendante de bénéficier de séjours ponctuels allant de quelques jours jusqu’à trois mois lorsque ses proches souhaitent partir en week-end ou en vacances ou simplement souffler. L’hébergement peut également intervenir de manière plus régulière, en intégrant un rythme défini –une semaine par mois par exemple–. Plusieurs aides financières peuvent aider à prendre en charge une partie du coût. - Les maisons de repit : Solution existante dans de nombreux pays, les maisons de répit se déploient peu à peu en France. Ces structures permettent d’accueillir des aidants ainsi que leur proche dépendant dans un cadre agréable et sécurisé sur une base de trente jours par an. Actuellement réservé aux situations de handicap, ce dispositif devrait petit à petit être étendu aux personnes âgées dépendantes et à leurs accompagnants.
Informer la personne aidée
Afin de ne pas perturber la personne aidée, il est important de bien lui expliquer la situation afin qu’elle soit en mesure de comprendre. Le but n’est aucunement de “s’en débarrasser” mais simplement de laisser l’opportunité à l’aidant de bénéficier de temps de repos et d’être ponctuellement soulagé de la charge d’aidant. Il faut pour cela dialoguer et définir ensemble la solution qui conviendra à chacune des deux parties. Trouver une structure adaptée ou une personne de confiance pour assurer le relais est essentiel.